le cri du papillon

le cri du papillon

je ferais dire à la Poésie

il y a de bien grands mots
et de bien petits états d'âme
entre les deux un galimatias

toujours en mouvement
perpétuel équilibriste
contre le souffle de nombrils obnubilants

le nombril de ce que l'on veut montrer,
démontrer, afficher, mettre en relief
c'est le plus facile à maîtriser

le nombril dont nous font les autres
tel que nous sommes en eux-mêmes
c'est le plus difficile à contrôler
à moins que le premier nombril soit tellement fort
ou tellement faible
qu'alors ça n'a plus aucune importance
mais vraiment plus aucune importance

et il y a ce tout petit nombril
celui de la réalité
le plus difficile
le plus dur
celui qui est jonché de mousses de lichen
de feuilles mortes
de branches
d'épines et de ronces
voir d'arbres au complet
avec parfois la plaie qui pleure l'eau d'érable

je ferais dire à la poésie ce galimatias
dans quel nombril on se trouve
mais surtout - surtout -
vers quel nombril on se dirige
accompagné d'un bulletin météo
qui dirait annoncerait ce qui se trouve sous la marquise
quels mots de feu tremblotant tracent les lampes clignotantes
ce qui sera peut-être à l'affiche dans un mois
des images, seulement des images, à venir
 
je ferais tournoyer par la Poésie une boule en miroirs
de toutes ces versions contenues dans le deuxième nombril
une vérité ou une probabilité floue dans le carrousel

et si j'avais vraiment le courage
j'approcherais comme aux abords de récifs
tout doucement, contre les inévitables vents et marées
j'approcherais
j'approcherais lent tendre
contre la bouche du tout petit nombril
et j'approcherais peut-être assez pour que
sans me brûler les ailes
le vent accroche,
issue de ce minuscule nombril,
une parcelle de Vérité à la Poésie

et je ferais dire à la Poésie cette Vérité
si belle
si terrible
dans sa sincérité nue


Patrick Packwood
- 28 mars 2009 -

 



21/10/2009
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